vendredi 4 décembre 2009

T. et moi avons trouvé un nouveau jeu, lors des cours de littérature, avec madame M., l'amorphe.

VENT.
Il était doux, invisible, au mois d'aout, violent et froid en décembre. Les lèvres sèches, les joues fraiches, Vent se tordait contre ma peau. Il disait qu'il serait toujours là, même lorsqu'il ne se frotterait pas contre moi. Souffle, et j'ai du brouillard qui sort de ma bouche,j'ai avalé les maux du monde, un par un, je n'ai rien laissé, pas même un os. Flocons contre mon corps, entre les mèches brunes, c'est un tourbillon de maux gelés. Et Vent venait se frotter contre mes yeux, jusqu'à geler mes pupilles.

FIL.
Il y a ces pieds qui valsent et valsent, même dans le silence. Les mèches noires collées aux lèvres rouges, un peu comme si elle avait voulu manger ses cheveux, pour éviter la FIN. "Tu es bien trop légère, trop légère, je suis sur, en dessous de la laine blanche, il n'y a pas d'os, aucun squelette, rien que du vide." lui avait-on dit. "Je suis toute légère, trop légère, un fil suffira" se disait-elle. Ce fut le soir, au commencement du monde sombre, à la naissance de la nuit noire, qu'elle serra fort le fil rouge contre sa poitrine, quelques instants. Les gestes lents, elle n'était pas pressée de passer de l'autre côté. Il y a ces pieds qui valsent et valsent, toujours dans le silence, et le rouge autour du cou.

SONGE.
Je vis la nuit, je vis dans les songes. La journée, je ne suis qu'un cadavre, que personne ne remarque, je suis le noir, je suis le vent, poussière; poussière au vent. Je me suis piquée, il y a longtemps, à la branche d'une étoile, ça a transpercé la peau, le coeur, et j'ai saigné OR. Je me suis balancée entre les songes et la vilaine réalité, mais la balançoire a tangué, je suis tombé dans le songe, je ne me suis pas fait mal, aucun ecchymose, rien.

ONGLES.
Je creuse je creuse je creuse le vide; je creuse le rien, je creuse l'invisible. Les ongles usés, au bout des doigts fins. Je me décompose, je tombe en lambeaux, il ne restera rien. Le spectre, mon spectre se faufile entre les arbres serrés les uns contre les autres, peut-être pour éviter le vent, glaçant leurs branches, sur lesquelles il accroche, les grelots de mes sentiments.

PIANO.
J'ai avalé les "do", les "ré", les "mi"... Il fait joliment danser ses doigts sur les touches. Lorsqu'il me joue du piano, je pose mes pieds dans un autre monde. Je pourrais me perdre sous ses doigts, fondre sous ses douces mélodies. Au Vampire, le musicien, mon pianiste.

ENCRE.
C. a de l'encre bleue sous ses paupières. C'est un peu comme la nuit, pleine d'étoiles.