lundi 1 août 2011

Lettre à Fanny.

Je pourrais tout te dire, derrière le rideau, loin de leurs pupilles, mais tout le monde doit le savoir.
Je t'aime. Je t'aime depuis le début. Depuis le jour ou en sortant de mes cours d'élève de première littéraire, je t'ai vue assise sur cette table, avec celle que tu appelle l'Amie, et mon C. Je me souviens, tu cherchais à lui voler sa chaine, et ça m'a fait sourire. Parce-que je te lisais, dans le secret. Je te lisais. Il faut te lire pour t'aimer entièrement. Tu n'avais pas encore les cheveux noirs.
Puis vint l'année suivante et les cours près de toi. Vint le temps des secrets en cours de français. Vint VALENCE. Perdues, nos jambes dans tous les coins de la ville, on riait. Valence, ses rues, la nuit. Je vivais, adolescente pour la première fois et tu étais avec moi. Puis je t'ai demandé d’où te venait ton joli nez, et peu après, il y a eu l'homme, tu te souviens? Le jeune brun. Il nous voulait toutes pour sa fête, le samedi. Et je me disais, si seulement. Tu avais une fleur rouge, dans les cheveux.
Les photographies. Je me souviens avoir eu peur de ne pas savoir être photographiée. La plage le soleil et la marque sur ta peau.
Les larmes devant l'auberge espagnole. Fragile, et je t'ai aimée si fort.
Terminale. Terminées. Mais peu importe, il y avait les lettres, les lettres en philosophie, les lettres en littérature. A la rentrée, tu m'avais donné l'enveloppe, et Claire Castillon.
Puis il y a eu le bac, puis nous nous sommes quittées.
La pierre rouge, Loustalet.
J'ai trouvé que le rouge était parfais, pour toi.
Le silence, la lecture.
Et maintenant, et après.
Maintenant je te l'écrirais souvent, JE T'AIME, et dans ta folie, je rajouterais MON AMOUR.
De l'adolescente à la femme, dans les amours de jeunesse.
Je me demande si tu réalise, trois ans. Juste trois ans. Je vois l'éternité sous nos secrets.
Fanny, c'est la folie, l'amour, la nuit, la nymphe, les yeux (clos).
Poetry.
Alors s'il te plait, écrivons nous, sur le papier, je veux dire, derrière leurs corps, écrivons nous, buvons, nageons, capturons, devenons femmes aux fleuves d'or. L'or où toi, la même chose. Alice l'oiseau c'est l'or, le petit rouge-gorge de miel, l'enfant d'automne. L'automne et l'or qui tombe des arbres, dans tes mèches d'étendue sombre. Akiko (oui) c'est la nuit.
Petite folle, je te le dis encore, je t'aime.
A nos peaux qui ne se connaissent pas (encore) assez.