mardi 4 juin 2013

Le mardi 21 mai 2013.

La mort de quelqu'un, c'est toujours quelque chose d'étrange. P. m'expliquait ce qu'il s'était passé, et tout ce que j'ai trouvé à dire c'est "Mais... il est mort?".
Être en psychologie m'aide beaucoup, parce-que je ne me suis pas mise à hurler, là, au milieu de tous; je me suis dit "bon sang, qu'est-ce qu'il s'est passé? Je me demande quelle est sa structure psychique...".  Puis je me suis dit "tiens, cette pute ne l'aura même pas remercié". Et c'est tout. Et aujourd'hui encore c'est tout, parce-que mes défenses doivent être sacrément balaises, je n'ai rien réalisé.
Il était dans la "chambre Verlaine" et il n'y avait pas beaucoup de lumière. Ils l'ont maquillé, habillé. Il était dans un lit, et du vent soufflait en dessous. Maman hurlait dès qu'elle entrait dans cette pièce, elle n'arrivait plus à marcher, on était obligés de la tenir, elle s'écroulait.
Lorsque j'ai vu le cadavre j'ai eu un peu des trous partout dans l'âme, mais ils se sont refermés rapidement. Je me suis demandé si il avait vraiment voulu être là ou si il aurait préféré que quelqu'un vienne l'aider. Il avait l'air de respirer. Je l'ai juste vu dormir. C'était déjà un peu plus étrange quand ils l'ont mis dans un cercueil. ça fait moins lit. Les gens sont devenus fous dans cette "chambre Verlaine"; ils s’agrippaient au corps, ils l'embrassaient... J'ai pas osé toucher moi, ça devait être glacé.
Les gens profitent à fond du malheur des autres. Des cercueils à 5000 euros, des plaques à 200 euros, c'est répugnant.
J'ai demandé à C. de ne plus s'habiller totalement en noir après ça.
Il y a bien assez de noir dans la mort pour la porter toute la vie.
Au cimetière il paraît que c'est le plus dur... c'est l'adieu. Je n'ai pas encore réalisé mais beaucoup de personnes avaient de l'horreur dans le regard. Ils étaient terrorisés et complètement perdus, ils hurlaient, j'ai cru à des crises cardiaques dans tous les sens. Je n'avais jamais assisté à ça. Maman disait "t'es la plus courageuse". Non non, je t'assure, j'ai juste rien compris encore.