vendredi 17 septembre 2010

08h51 du matin. Je me recouche.
Je n'avais pas vu cette mèche de lumière terne entre mes rideaux rouges qui ne seront bientôt plus miens. C'est qu'il faisait nuit, quand je me suis levée.
Je pose mes mains sur le drap pourpre et ma hanche se cogne contre mon parfum. E. m'a emprunté mon odeur ce matin, puis l'a laissée sur mon lit. Mais ce n'est pas la même odeur que j'ai près de mon cou lorsque je sais que je vais voir C. , et qu'il y posera alors ses lèvres. E. m'a emprunté mon odeur secondaire, mon autre moi.
Et je pense à C. qui peut dormir aujourd'hui, à un réveil tout en baisers tendres sur ses épaules, à une tisane, à la vie dans douze jours.

10h09 à mon réveil. Donc pas loin de 10h, dans la réalité.
J'ai rêvé.
Tout d'abord, mamie a donné à papa une petite gourde d'eau à la fraise, que celui-ci à accroché à sa ceinture.
La maison de tante E. était devenue une maison de feu. Il y avait des sources de chaleur partout sous les pieds. Nous devions être près de l'hiver, mais c'était trop. J'en avais l'impression de prendre feu de l'intérieur, un peu comme avant l'Amour, mais en beaucoup moins agréable. Je m'assied près de la table en bois, contre la fenêtre. Le bracelet de C. se défait, alors je veux le rattraper, pour ne pas qu'il tombe, et il devient le bracelet de M. Le bracelet de M. hante mes nuits, depuis deux jours, il me semble. Oui, je crois que c'est la troisième fois que je le vois. Il n'a rien d'un bracelet, et c'est naturel, puisque à ce moment là, il n'était pas terminé. Il avait en plus une tresse turquoise et rose, et une blanche et noire. Il m'a semblé y voir du orange, aussi. Alors tante E. dit "tu fais un cadeau?". Et toutes les femmes dans la pièce me regardent, et sourient.
Je perds une dent du haut. Je cours partout, collant ma main contre ma bouche pour taire l'horreur, pensant à C. qui ne voudrait plus de moi avec une dent en moins. Il y a des larmes de fleuves rouges qui s'échappent entre mes doigts, elles filent entre mes phalanges, et les autres continuent de vivre, sans même s'arrêter. Ils ne savent pas ce que c'est. Ça pourrait être grave. Je hurle, je pleure, je veux la fin. Je me dirige vers la sale de bain. Occupée. Alors je cours vers la cuisine, et puis tampis pour tout et tous. Je crache mes fleuves rouges et mes larmes dans l'évier. Et ça ne choque personne, elles continuent à parler, sans même regarder. La dent glisse, je l'attrape, elle glisse, papa passe la porte. Alors j'arrête d'essayer de la rattraper, et je hurle. La dent, d'en dessous, juste en dessous de celle que je viens de perdre, bouge anormalement. Je me souviens être incapable d'ouvrir la bouche moi même; je devais m'aider de mes doigts. Et je pleure. Et C. me trouvera encore plus hideuse, sans deux dents. Elle bouge mais ne tombe jamais.
Je me retrouve à la fête d'anniversaire de papa. Tout le monde est là. Ils sont heureux, et moi, je pleure, j'ai toujours cette dent, qui danse, mais qui ne tombe pas. Papa va ouvrir ses cadeaux. Il cherche dans sa poche, la clé de la voiture et se dirige vers les paquets. Un cadeau, un seul n'est pas emballé. Un paquet de yaourt, couché sur le côté. Alors papa se prépare à planter sa clé dedans. Et je ne sais plus si c'est maman ou mamie qui lui dis "attention, la gourde n'est pas fermée!". D'un coup, la clé avait pour porte-clé, la ceinture de papa, avec la gourde, et le téléphone accrochés. Il referme la gourde, puis plante la clé, dans les yaourts, à travers le carton. Et moi je pleure, toujours pour ma dent.



J'ai froid.